Portrait de formateur – Julien Zinniger, MOF Joaillerie
Au détour d’une interview, rencontrez Julien Zinniger, Meilleur Ouvrier de France Joaillerie en charge d’une grande partie des formations à l’Atelier d’Emeraude !
Bonjour Julien, est-ce que tu peux nous expliquer depuis quand tu es arrivé et quelles sont tes fonctions principales à l’Atelier d’Emeraude ?
Alors, j’ai rejoint les équipes à la rentrée 2023 et je m’occupe actuellement de former les candidats au CAP durant leurs 9 mois de stage, mais aussi de multiples autres formations : les certifications techniques en 5 mois ou des formations plus courtes en techniques de bijouterie (1 mois), d’initiation (1 semaine) ou encore des journées ponctuelles de découverte.
Au-delà de la formation pure et simple, je travaille aussi sur la création de nouveaux exercices dans le but de dépoussiérer les méthodes pédagogiques traditionnelles et de laisser ma marque. Même si les programmes sont très bien faits, on cherche toujours à se démarquer, se renouveler pour améliorer l’expérience et surtout les compétences des stagiaires.
En résumé, secouer un peu la formation dans notre domaine me fait plaisir !
Et donc pour faire ça, j’imagine que ton parcours est tout aussi original ?
J’ai une anecdote assez rigolote à ce sujet : je sortais d’un parcours scolaire assez chaotique, avec l’envie de faire un métier artisanal mais les conseillers d’orientations m’ont dirigé vers des domaines qui ne m’intéressaient pas. Je me sentais perdu.
Alors, un jour, j’ai simplement ouvert les pages jaunes, suis tombé sur la section bijouterie et me suis dis « tiens, ça pourrait être intéressant ». J’ai pris la plus grosse annonce de la page, ai appelé et ils m’ont dit qu’il y avait justement une place qui se libérait un mois plus tard.
J’ai sauté dans le bus tous seul à 14 ans, y ai griffonné une lettre de motivation et un CV, et suis arrivé à la bijouterie Bollwerk qui m’a recruté… et chez qui je suis resté 13 ans !
S’en est suivi une création d’entreprise avec mon épouse, puis un retour chez Bollwerk qui m’a proposé de revenir avec la perspective de participer au concours Meilleur Ouvrier de France.
J’y suis donc retourné, en me spécialisant à fond dans la joaillerie, puis ai participé au concours… que j’ai réussi !
Qu’est-ce qui t’a donné envie de devenir formateur à l’Atelier d’Emeraude après toutes ces années de pratique ?
L’origine de l’histoire, je la dois à un stagiaire qui était dans mon équipe chez Bollwerk et dont le niveau assez impressionnant m’a interpellé.
Je lui ai posé des questions sur sa formation et il m’a donc parlé de l’Atelier d’Emeraude, qui était justement en recherche d’un nouveau formateur.
Ca a piqué ma curiosité, nous nous sommes donc rencontrés avec Sandrine Eber avec qui nous étions très en phase… et voilà !
Maintenant que tu es là, si tu devais définir tes 3 priorités vis-à-vis des stagiaires, quelles seraient-elles ?
Mon objectif est déjà de leur enseigner la passion, ou plutôt à mieux la ressentir. Parce qu’avec la passion, on peut ensuite « faire ce que l’on veut », même s’il y a des lacunes techniques de prime abord.
Parce que certains n’ont pas la passion avant de venir se former ?
Je pense que certains ne la connaissent pas pleinement, ou n’ont pas conscience de sa dimension. Il y a une espèce de rêverie, de magie parfois, mais il y a une vraie différence quand on se rend compte de ce que la passion profonde peut nous apporter.
Ca permet notamment de créer une dynamique qui ouvre la porte à des aventures techniques beaucoup plus poussées.
Et quels seraient les autres objectifs ?
Les former techniquement, forcément. Et en troisième, je dirais le contact humain : les comprendre au mieux pour savoir comment leur apprendre au mieux, personnaliser mon approche en fonction de chacun.
En résumé, former efficacement des stagiaires pour qu’ils soient diplômés et surtout employables.
Quel est ton plus beau souvenir ici depuis le début ?
Ah, le plus beau, c’était cet hiver ! Une stagiaire qui, dans la cour enneigée, a tracé un grand cœur avec un J à l’intérieur. Ca m’a beaucoup touché. En partant avec ma voiture, j’ai refait la trace du cœur avec mes pneus et tout le monde applaudissait à la fenêtre. C’était super.
Et ton plus bel accomplissement ?
Un projet spécial que j’ai développé à l’occasion d’Halloween. J’attendais les stagiaires, déguisé dans le noir, avec un petit speech que j’avais préparé pour les mettre dans l’ambiance. L’idée était de les missionner pour créer des amulettes de sorciers.
En jouant le jeu jusqu’au bout, l’immersion était très forte et le challenge leur a beaucoup plu. Donc non seulement il y a la fierté de l’idée, mais aussi de l’émulation qui en résulte. Les pièces réalisées ce jour là étaient magnifiques, avec une très bonne application des techniques.
Il s’agit de toujours faire la juste différence entre « être un clown » versus créer une approche à l’apprentissage qui soit plus qu’un simple exercice sur un papier. Et ce projet représente bien cet état d’esprit.
C’est donc ça qui te fait te lever le matin ?
Oui… mais surtout les stagiaires et l’équipe. Le fait de pouvoir les retrouver, passer du temps avec eux, transmettre… C’est même quelque chose qui me fait arriver un peu plus tôt, qui n’était pas dans mes habitudes, pour le plaisir de boire un café avec eux !